Première séance

Je suis contente ! Ça fait ouvrir les vannes de l'imagination, ce truc. Mais après comparaison de mes textes avec ceux de Melle et ceux de Raymond, je constate que ça va chercher sensiblement les mêmes émotions et évoque les mêmes images chez tout le monde. Mon défi sera de ne pas toujours écrire la même chose et de varier les descriptions.

Voici donc les notes que j'ai prise d'un geste complètement frénétique pendant ma première demi-heure en compagnie de MERZBOW.

Metalvelodrome

Pistes 1 et 2 : Armless/Retro

Ça agit sur moi comme le concentré des douze semaines passées dans l'usine Domtar et de la première année de ma vie à Montréal gelée comme un hareng à marcher entre les voitures et soudain une légère accalmie une seconde de quasi-silence m'allège.

J'entends un rugissement d'ours mécanique semblable à celui qui dévorait les amis d'Anthony Hopkins dans ce film ridicule qui se déroulait dans les montagnes blanches cet ours qui coupait les gens en morceaux et s'amusait de leurs troncs comme mon chat d'une souris en plastique.

Mais cette musique va beaucoup plus vite que ma main et pendant que je décrivais l'ours j'entendais la totale absence d'image à la télévision, le crépitement d'un feu de forêt à 20 mètres de San Diego, l'envol d'une fusée, la rencontre de cette fusée avec un vaisseau interstellaire, son explosion et la dispersion de ses débris dans le cosmos, un grand prix de formule un qui se déroulerait dans une mer de magma et de diamants, le contenu d'une poubelle de mécano industriel jetée au bout de mes bras et de mon dos cassé dans un contener de fer.

G-pot in odd meter

Ça me rappelle aussi l'infernal secteur de l'usine Domtar où de grosses pitounes se faisaient écorcher dans d'immenses tambours aux arêtes coupantes, imaginez 10 pitounes fardées et permanentées et obèses se faisant arracher leur peau et ensuite une à une expédiées dans le broyeur qui en trois secondes les réduit en copeaux, en trois secondes aussi vite qu'une Ferrari de 1970 qui aurait rouillé pendant trente hivers te doublerait sur l'autoroute.

C'est comme si on multipliait par un million l'intensité du bruit de mes cigarettes se consumant, c'est comme l'enfer de lave de mon estomac rempli de Chili con carne.

Morbid Dick

Je me sens le besoin urgent de m'inventer un grand-père ayant fait la seconde guerre, dans ta tranchée en Normandie grand-père, le bruit était-il si doux et te manquait-elle ta douce fiancée ?

C'est devenu dur d'écrire car mon bras n'est plus que bruit, il ne faut plus boire de café car il se répercute contre mes peaux.

Bluedelic

Ça commence par le discours d'un orc ou d'un loup-garou.

Ça dépasse toute conception de l'enfer ce qui veut probablement dire que l'enfer est encore plus lourd à nous oreilles elles s'habituent déjà je me sens presque monter un grand calme dans les vertèbres pour retrouver ma sérénité grand-père je t'imagine prendre l'habitude des hélicoptères et des missiles, t'habituer jusqu'à ne plus les entendre et tomber endormi dans la boue.