»

vendredi 21 mars 2008

Le début c'est comme une suite de tout

Le premier contact avec cette affaire, c'est un rappel de tout ce qu'on ressent au premier chef dans notre trivialité de bestiole. J'ai lu les premiers posts, d'Al, de Meth, pis merde, on a tous le même instinct. Mais c'est ça le jeu. Première écoute, premier jet. C'est une simple équation.


*****

Metalvelodrome - Album 1:

La chose a commencé, et avec elle les cent pas, qui sont vite devenus deux cents, puis un peu plus; ensuite une cigarette, une des plus vite consumées de ma vie. Mes mains qui ne savent plus rien. J'aime le noise et les bands d'impro libre. J'en ai fait avec d'autres musiciens expérimentaux, j'en ai entendu hier, des passes lourdes, au spectacle de Xiu Xiu: des jams denses qui étagent des masses de son, des écorchures de manches de guitares, des patentes à pédales, des instruments violentés à l'encontre de leur usage déterminé. Mes yeux grands ouverts comme après huit cafés en quinze minutes, j'ai envie de m'affirmer musicien en allant chercher ma scie ronde pour équarrir ma blonde, en forçant la note sur le frottement de la lame sur ses os, comme quand on entend sur Canal Vie la drill des chirurgiens artistes du coeur ouvert ou celle des dentistes ploguée direct dans la résonance osseuse nos conduits auditifs.

Mais je suis tellement doux au fond, mon équilibre naturel exige la compensation. Ou je m'abandonne à la position foetale éternelle, ou je nourris tous mes autres sens du plus suave que je peux trouver: boire un jus d'orange, prendre un bain de crème hydratante, baiser au ralenti, me mettre la face dans un plant de fines herbes. Je pense à mes grands-parents qui rient. S'ils me voient, il se disent sûrement qu'ils ont bien fait de quitter l'enfer en crevant.

Metalvelodrome - Album 1. Two for miles

En parachute, t'as pas le temps de penser à ce que t'as fait la veille. Le vent t'arrache la bas de la face en-dessous du masque, les oreilles te silent parce l'air te fait remarquer que t'es pas supposer le traverser si violemment. À un moment d'équilibre, la force de l'air contre ton ventre est si forte que t'as l'impression que tu pourrais monter au lieu de descendre, si tu tirais la bonne sangle. Merzbow c'est pareil. Inhibition complète si tu t'abandonnes à l'affect premier: soumission à la mitraillette. Vertige. 

*******************

Album 2. Neon Worms. Traveling

Dans mes rêves d'avenir, le Québec est un show de Merzbow: le jour du grand chaos, quand on va devoir revenir à la culture des trois soeurs pour survivre comme des fleurs de macadam, les restants de technologie vont rire, en grinçant, de nos tentatives de sauver ce que la civilisation a fait de plus laid pour notre confort.
D'abord, j'enverrai ma milice contrôler les centrales électriques les plus proches. Une trentaine de goons et trois ingénieurs par centrale, payés avec du caribou, du Québec Gold pis des filles d'Outremont, ça devrait suffire pour alimenter les délires postapocalyptiques pendant les quelques premiers mois d'anarchie. Avant que les amerloques armés par leur constitution aient le temps de venir saloper nos bijoux d'architecture dériveuse de fleuves, on aurait le temps d'orchestrer la vengeance néo-anti-non-francophone-nord-américaine pour d'abord contrôler le nord-est de l'Amérique, avant de mettre à notre solde quiconque n'a pas compris LA FORCE INCOERCIBLE DU BASSIN HYDROGRAPHIQUE QUÉBÉCOIS.
Evlyn, tu disais que les détenus de Guantanamo étaient torturés au Merzbow? N'importe quoi. Moi mes miliciens vont S'ENTRAÎNER au Merzbow. Avez-vous déjà comparé les cartes du Québec à travers les époques? Plus on avance, plus il y a des lacs, un peu partout, de plus en plus gros, qui nous fournissent notre fioul pour continuer. ENCORE PLUS DE JUS. Quand tout va péter, dans quelques années, on aura assez de bleu sur la mappe pour soutenir LA contre-attaque, la RÉELLE affirmation du peuple élu, et c'est pas les modérateurs qu'on entend sur toutes les tribunes de notre ère qui y comprendront quoi que ce soit. Le temps viendra où ces apprentis rhéteurs fraîchement émoulus d'écoles de diction par correspondance retourneront à leur place dans les ruelles où copulent les malandrins entre les bennes puantes. Et pendant qu'ils crèveront de faim au pied de mes buildings illuminés et que les hauts-parleurs cracheront Metalvelodrome, ils se rappelleront les micros dans lesquels ils avaient jadis vomi qu'il faut croire en la force bienfaitrice de l'être humain, alors que je leur chuchoterai que le désordre est une condition fondamentale à la création.

**********

Puis Al a mis Emily Haines, et je suis revenu au présent, où le monde est aussi moche que d'habitude. Merci Merzbow de nous faire voir la noirceur de notre crasse multipliée par mille.

2 commentaires:

√їÐΘĈ a dit…

W000000000T!

Mighty Mélissa LeBlanc a dit…

Seigneur Jésus Christ!
C'est vraiment beau et fort et masculin! w00t!

Alexie a tout un spécimen d'écrivain
amoureux :-)

J'espère te relire bientôt!